
Revue économique d’octobre 2024
Revue économique: Le mois d’octobre a été riche en événements pour les marchés financiers. Marqués par des fluctuations significatives dues aux tensions géopolitiques, notamment au Moyen-Orient, des indicateurs économiques clés aux États-Unis et au Canada, ainsi qu’à des résultats trimestriels contrastés des entreprises.
Contexte géopolitique et fluctuations du pétrole
En début de mois, une attaque de missiles de l’Iran sur Israël a suscité des inquiétudes de conflit prolongé. Ceci a augmenté la volatilité des marchés et la nervosité des investisseurs. Le prix du pétrole a bondi de plus de 5 % au début du mois, atteignant des niveaux inédits depuis plusieurs mois. En réponse, les valeurs pétrolières et de défense se sont appréciées. Tandis que le dollar et les obligations américaines ont servi de valeurs refuges.
Cette escalade géopolitique a suscité des spéculations sur une éventuelle attaque d’Israël contre des infrastructures pétrolières iraniennes, exacerbant les pressions sur le prix du pétrole. Plus tard dans le mois, une légère détente a permis un retour partiel au calme. En effet, une augmentation de production de la part des membres de l’OPEP et une descente des tensions au Moyen-Orient a mené à une baisse du prix du pétrole.
États-Unis : résilience économique et tensions sur les taux d’intérêt
Au début du mois, l’économie américaine a échappé à un grave danger en raison de la grève des débardeurs. Bien que cette grève n’ait duré que trois jours, elle aurait pu avoir des conséquences sérieuses pour l’économie américaine. En effet, elle aurait pu réduire le PIB américain de 4,5 à 7,5 milliards de dollars. De plus, jusqu’à 105 000 personnes auraient pu perdre leur emploi.
Les indicateurs économiques publiés en octobre ont montré une économie américaine plus robuste que prévu, en particulier en ce qui concerne l’emploi. Selon le rapport mensuel, 254 000 emplois ont été créés en septembre, surpassant les 150 000 anticipés. Cette bonne performance a abaissé le taux de chômage à 4,1 % et renforcé la confiance des investisseurs dans la santé économique des États-Unis. De plus, en début de mois nous avons eu des chiffres encourageants. Ces chiffres ont indiqué une création de 233 000 emplois dans le secteur privé en octobre contre 115 000 anticipés. Un résultat bien supérieur aux attentes des analystes.
Selon Angelo Kourkafas, qui se réfère au baromètre GDPNow, la croissance de l’économie américaine pourrait atteindre 3,4 %, ce qui renforce l’image d’une économie solide.
Toutefois, cette résilience économique a maintenu la pression sur la Réserve fédérale pour qu’elle adopte une politique monétaire restrictive. Les marchés ont ainsi intégré des anticipations de réductions de taux plus prudentes, avec une probabilité réduite d’assouplissements monétaires rapides.
À la mi-octobre, l’indice des prix à la consommation (CPI) a montré une légère baisse de l’inflation, mais à un rythme plus lent que prévu. La hausse des prix reste une préoccupation pour la Fed, qui jongle entre la maîtrise de l’inflation et le soutien à la croissance.
À la fin octobre, les taux obligataires ont suscité des inquiétudes chez les investisseurs. En effet, les rendements ont atteint un sommet de 4,29 % durant le mois en raison d’une économie robuste et d’une inquiétude face au déficit budgétaire américain.
Au cours du mois d’octobre, nous avons également été confrontés à deux ouragans, dont Milton, qui a causé des ravages en Floride. Cet ouragan aura certainement des impacts économiques significatifs et influencera le prochain rapport sur l’emploi en novembre.
Résultats contrastés des entreprises et performances sectorielles
Les grandes entreprises américaines ont livré des résultats trimestriels variés. Les secteurs de la technologie et de l’énergie ont connu des performances divergentes. Les valeurs technologiques ont été pénalisées par des attentes élevées sur l’intelligence artificielle. Tandis que les résultats d’entreprises comme Microsoft et Meta ont déçu les investisseurs. Ce sont ces deux entreprises qui ont mené la déchéance du marché boursier le 31 octobre. En revanche, les valeurs énergétiques ont bénéficié de la hausse des prix du pétrole, soutenant le secteur malgré un contexte global instable.
Les semi-conducteurs, après une phase de croissance rapide, ont montré des signes de ralentissement, illustrés par une baisse de la demande anticipée par ASML, l’un des leaders mondiaux du secteur. Ce ralentissement a contribué à une correction sur les valeurs technologiques.
L’énergie nucléaire a bénéficié d’un vent favorable au cours du mois d’octobre. En effet, avec la progression de l’intelligence artificielle, les entreprises ont besoin de grands centres de données pour soutenir cette croissance. Par conséquent, elles nécessitent une source d’énergie fiable, et plusieurs sociétés, telles qu’Amazon, Microsoft et Google, se sont tournées vers l’énergie nucléaire, en particulier les réacteurs modulaires de petite taille (SMR).
Le marché canadien : croissance modérée et infléchissement de l’inflation
Au Canada, l’activité économique a montré des signes d’amélioration, avec un rebond de l’indice PMI manufacturier S&P Global, qui est passé en territoire d’expansion pour la première fois depuis avril. Par ailleurs, le marché de l’emploi a affiché une augmentation de 47 000 postes en septembre, bien au-delà des prévisions, permettant une baisse du taux de chômage à 6,5 % au Canada et 5,5% au Québec.
L’inflation canadienne, quant à elle, a ralenti à 1,6 % en septembre, influencée principalement par la baisse des prix de l’énergie, bien que le coût de la vie reste élevé, notamment en raison de l’augmentation du prix des aliments et des loyers. Ce ralentissement de l’inflation a permis à la Banque du Canada de maintenir un ton accommodant, bien qu’une prudence reste de mise face à des pressions économiques persistantes. Au Québec, l’inflation a été de 1,3% en septembre contre 1,5% en août.
Attentisme avant l’élection présidentielle américaine
Le mois d’octobre a également été marqué par une montée de la prudence en raison de l’élection présidentielle américaine prévue début novembre. Les analystes observent un ralentissement des investissements dans certains secteurs, les entreprises et les consommateurs préférant attendre les résultats avant de s’engager dans de nouveaux projets. Les taux obligataires américains ont également été influencés par cette incertitude, la hausse des rendements reflétant des préoccupations quant à la dette publique et à la politique budgétaire qui pourrait en découler, en particulier si un programme expansionniste venait à être adopté.
Les perspectives pour le S&P 500, principal indice de Wall Street, s’inscrivent dans une vision plus conservatrice à long terme. Goldman Sachs anticipe un rendement annuel moyen de 3 % pour les dix prochaines années, bien en deçà des performances passées, soulignant un potentiel changement de stratégie chez les investisseurs, qui pourraient se tourner vers des obligations ou d’autres classes d’actifs.



Grosse variation d’un jour de quelques actions au cours du mois d’octobre.
- Evgo : 60,81% le 3 octobre
- Spirit Airlines : 53,06% le 21 octobre et 45,97% le 23 octobre, -24,55% le 4 octobre
- Oklo (Énergies nucléaires) : 41,97% le 16 octobre, 28,21% le 28 octobre, 15,89% le 18 octobre
- Reddit : 41,97% le 30 octobre
- Garmin : 23,25% le 30 octobre
- Tesla : 21,92% le 24 octobre, -8,78% le 11 octobre
- Trump Media : 21,59% le 28 octobre, 17,26% le 10 octobre, 11,45% le 7 octobre
- VF Corp (North Face, Vans et autre): 27% le 29 octobre
- Super micro computer : 16% le 7 octobre, -12% le 31 octobre, -32,68% le 30 octobre
- Snap (Snapchat) : 15,89% le 30 octobre
- Netflix : 11,09% le 18 octobre
- Nike : -6,77% le 2 octobre
- BRP : -8% le 22 octobre
- Capri : -48,89% le 25 octobre
Perspective économique avec Donald
Nous apercevons enfin le bout du tunnel après cette période économique difficile marquée par des risques de récession et une inflation incontrôlable. Ce que nous ne savions pas, c’est qu’au bout de ce tunnel se profilait une victoire de Donald Trump à l’élection américaine. Voilà donc que l’incertitude économique reprend de l’ampleur. Voici un petit résumé de la perspective économique sous Donald Trump.
Les tarifs
Tout d’abord, Trump est un protectionniste qui souhaite instaurer des droits de douane de 10 % sur les importations de tous les produits. Cette mesure pourrait entraîner des conséquences néfastes pour l’économie canadienne, et plus particulièrement pour le Québec. En effet, plus de 75 % des exportations québécoises sont destinées aux États-Unis.
Ainsi, ces tarifs pourraient gravement affecter l’économie canadienne, entraînant une perte estimée de 7 milliards de dollars et 20 000 emplois. Cependant, ces tarifs ne nuiraient pas seulement au Canada, mais également aux États-Unis. Si Trump met en œuvre ces tarifs, cela pourrait provoquer une inflation de 4 % aux États-Unis, impactant ainsi leur économie. De plus, l’Accord Canada-États-Unis-Mexique devra être révisé en 2026.
Bien sûr, pour aller de l’avant, Trump devra faire face à des contestations juridiques, à une opposition politique des deux partis, ainsi qu’à des réactions d’autres pays. Donc, tout n’est pas joué.
L’immigration
Donald Trump a également pour ambition d’expulser des millions d’immigrants illégaux. On parle ici d’environ 8,3 millions de travailleurs sans papiers qui pourraient être concernés. Cela pourrait entraîner une hausse de 2 % de l’inflation, en plus d’impacter l’économie américaine.
Cependant, un point positif pour l’économe des États-Unis est la baisse d’impôt pour les entreprises que Trump souhaite mettre en place. Il envisage de réduire l’impôt des sociétés de 21 % à 15 %, alors que l’imposition fédérale des sociétés est généralement de 26,5 % à 31 %. Cela pourrait inciter certaines entreprises à déplacer leurs investissements et leurs profits au sud de la frontière. Négligeant ainsi le Canada, ce qui aurait un impact négatif sur notre économie.
Ainsi, toutes ces mesures que Donald Trump souhaite instaurer pourraient probablement freiner la baisse des taux d’intérêt. Car selon 16 lauréats du prix Nobel d’économie, l’inflation pourrait remonter de 6 % à 9,3 % d’ici 2026 si l’on prend en compte les ambitions de Trump.
L’impact mondial
La guerre commerciale que Donald Trump souhaite engager avec la Chine risque également de peser sur la croissance de l’économie mondiale. En effet, 60 % de la croissance mondiale est attribuée à l’Asie, mais cette dynamique pourrait être pénalisée par l’aggravation de cette guerre commerciale.
La présidence de Trump, avec toutes ces mesures et ambitions protectionnistes, pourrait réduire la croissance mondiale de 0,75 point de pourcentage et diminuer les échanges commerciaux mondiaux de 3 % d’ici la fin de la décennie. Comme mentionné précédemment, les Américains pourrait en souffrir eux aussi. Selon le Peterson Institute for International Economics (PIIE), M. Trump pourrait coûter plus de 2 % par an au PIB américain entre 2027 et 2031.
Du positif
Cependant, on prévoit une croissance mondiale en 2026 et 2027. Puis, sur le plan énergétique, l’élection de Trump pourrait avoir un effet positif pour l’économie canadienne. En effet, Trump est en faveur de l’oléoduc Keystone XL, qui pourrait attirer davantage d’investissements et favoriser la croissance de notre pays.
L’arrivée de Trump à la tête de la plus grande économie mondiale pourrait également donner un coup de pouce à l’intelligence artificielle. Le président souhaite mettre en place des initiatives majeures dans ce domaine. Permettant ainsi aux entreprises technologiques d’envisager l’avenir plus sereinement.
En conclusion, beaucoup d’incertitudes à venir!
Sources
- https://www.lesaffaires.com/
- https://www.cnbc.com/
- https://www.investopedia.com/
- https://www.lapresse.ca/affaires/economie/2024-11-06/election-de-trump/l-amerique-d-abord-quel-impact-pour-l-economie-mondiale.php
- https://www.journaldemontreal.com/2024/11/07/quels-impacts-pour-leconomie-quebecoise
- https://www.lapresse.ca/actualites/editoriaux/2024-11-06/presidentielle-americaine/la-victoire-triplement-ironique-de-trump.php
- https://www.investing.com/